Sabarot Agriculture, la tradition au goût du jour
La jeune filiale appro-collecte de l'entreprise agroalimentaire altiligérienne Sabarot Wassner se développe efficacement. En quatre ans, et notamment avec la reprise récente des Ets Beaumel, la société a doublé son effectif en personnel et le chiffre d’affaires a augmenté de 75 %. Elle s’appuie sur une stratégie de filières locales de qualité (lentilles du Puy, petit épeautre...) et sur les services de collecte, d’appro et de conseil aux agriculteurs de la zone.
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Négoce d’appro-collecte, Sabarot Agriculture est implanté à Costaros, en Haute-Loire, au cœur de la zone géographique de la lentille verte du Puy AOP, première légumineuse française à être reconnue en AOC en 1996. Rien n’est hasard. La société est de fait la jeune filiale agricole de Sabarot Wassner, une entreprise familiale créée en 1819 par Jean-Pierre Sabarot. La septième génération en tient les rênes aujourd’hui. Spécialisée dans le négoce, le tri et le conditionnement des légumes secs, des céréales, des champignons et des escargots, la société au chiffre d'affaires de 60 M€ emploie 140 personnes à Chaspuzac et exporte dans 70 pays. La destinée de Sabarot est indissociable de celle de la lentille verte du Puy AOP sur un territoire ancestral de polyculture-élevage, avec des structures essentiellement familiales et une grande diversité de productions. Les démarches qualitatives, les certifications et les technologies de pointe font partie intégrante de son fonctionnement.
« Un esprit d'équipe »
« La création de Sabarot Agriculture correspond à une démarche d’accompagnement des agriculteurs en amont dans une logique bien ancrée de filières de production de qualité respectueuse de l’environnement et répondant aux attentes des consommateurs, explique Damien Anjarry, directeur général de la filiale créée le 1er janvier 2018. Nous avons à cœur de développer nos services en appro, collecte et conseils, en cohérence avec les réalités du terrain, au plus près des agriculteurs. »
« Une logique bien ancrée de filières de production »
Ainsi, Sabarot Agriculture privilégie le contact direct avec ses clients et ses fournisseurs, et l’ensemble du personnel est animé d’une forte motivation. « Un esprit d’équipe » insufflé par Damien Anjarry, dont le parcours professionnel témoigne de son attachement au pays. Après des études de commerce international, il représente la quatrième génération à reprendre l’entreprise familiale de collecte, Anjarry Frères, à Costaros, au décès subit de son père, en 1997. Il en restera le directeur commercial lors de la vente de la structure familiale à la société Big Mat de Maurice Laurent en 2003. C’est la séparation de l’activité de collecte et de négoce agricole imbriquée dans l’entreprise de matériaux de construction qui va conduire à la création de Sabarot Agriculture en 2018.
Montée en puissance avec Beaumel
La société a rapidement pris son envol. En quatre ans, l’équipe est passée de 7 à 14 personnes et le chiffre d’affaires progresse quant à lui de 6 à 10,5 M€. « En juillet 2022, nous avons racheté l’entreprise Beaumel, société d’appros et de collecte située à Mazeyrat-d’Allier, souligne Damien Anjarry. Son personnel nous a rejoints, dont Richard Hugon, qui est devenu notre responsable appro. Nous formons aujourd’hui une équipe soudée et impliquée. Les projets sont partagés car les échanges sont force de propositions. Les TC, en contact permanent avec les agriculteurs, sont particulièrement bien au courant de leurs différentes problématiques. »
Sabarot Agriculture gère ses achats d’aliments et d’agrofournitures avec le réseau Actura. « Un groupement d’achat est une force commerciale grâce à une mutualisation des volumes. Nous sommes un petit distributeur. Cette adhésion nous permet aussi d’échanger avec des collègues et d’être bien informé des nouvelles règlementations, souligne Richard Hugon. La gestion des stocks est particulièrement compliquée depuis six mois. Des relations de confiance avec nos clients sont d’autant plus importantes. » Les engrais sont quant à eux achetés via le réseau Fertagri pour des raisons similaires.
Proactif sur le petit épeautre
La société, qui compte 1 200 clients, dont 800 qui sont suivis, dispose d’une capacité de stockage de 10 000 t avec un silo sur chacun des quatre sites. La collecte de céréales et de légumes secs s’élève à 5 500 t. Le blé en filière de qualité est contractualisé avec les producteurs et les meuniers. La culture de petit épeautre retient depuis trois ans l’attention de l’entreprise et d’une quarantaine de producteurs réunis en une association. « Nous utilisons une variété spécifique qui garantit des valeurs gustatives et une bonne tenue à la cuisson, précise Damien Anjarry. Les sols volcaniques, l’altitude et les effluents d'élevages assurent une typicité au petit épeautre du Velay que nous souhaitons valoriser avec une demande d’IGP. Cette céréale rustique fournissant un grain et une paille intéressants pour les animaux compte parmi les cultures traditionnelles en Haute-Loire. Nous en faisons un devoir de mémoire à l’attention des consommateurs de demain. » Les 400 hectares semés en 2023 devraient produire plus de 800 t de grains. L’objectif est de disposer d’un tonnage de 2 000 t d’ici cinq ans. « Cet ancêtre du blé ne supporte pas le battage, mais les glumes protègent des insectes les grains durant leur stockage. Ces derniers sont décortiqués puis poncés dans une meule pour permettre une cuisson plus rapide. Notre logique est de répondre aux attentes des consommateurs tout en créant des perspectives nouvelles aux producteurs. » Le petit épeautre du Velay produit par les agriculteurs altiligériens, retenu parmi les innovations présentées au Sial (Salon international de l’alimentation), en octobre 2022 à Paris, trouve d’ores et déjà aisément sa place dans la gamme très diversifiée proposée par Sabarot Wassner.
« Les lentilles, une filière suivie de A à Z »
L'accompagnement des producteurs de lentille verte du Puy AOP mobilise une grande attention. « C’est typiquement une filière que nous suivons de A à Z, depuis la fourniture des semences jusqu'à la mise en marché, souligne le directeur. Mais les producteurs viennent de subir cinq mauvaises années d’affilée sur le plan climatique, avec des rendements durement affectés. Nous sommes à leurs côtés pour préserver cette production culturelle qui demeure une force économique et culturelle sur le long terme. Une revalorisation conséquente du prix d’achat est appliquée dans les contrats 2023 et une prime régionale est allouée pour trois ans. »
Un accompagnement collectif vers la HVE
Depuis deux ans, Sabarot Agriculture accompagne les producteurs vers une agriculture plus durable, vertueuse et créatrice de valeurs, conformément au leitmotiv de la société Sabarot Wassner. Un accompagnement collectif des producteurs a été proposé afin de conduire les exploitations volontaires de la Haute-Loire vers le référentiel HVE. Cette mise en place a nécessité la formation de certificateur HVE 3 pour un technico-commercial, Arnaud Coffy, qui assure le suivi de l’enregistrement des pratiques agricoles, le conseil et les audits internes. Deux de ses collègues vont également suivre cette formation. Cette initiative a d’ores et déjà convaincu plus de 50 agriculteurs du Velay : les premiers altiligériens à recevoir cette certification en grandes cultures. « L’objectif est d’atteindre 70 producteurs engagés en 2023. Cette adhésion collective au plus haut niveau de la certification environnementale témoigne d’une prise de conscience de l’impact des pratiques agricoles sur l’environnement naturel et sur les attentes des consommateurs, précise le TC. Le niveau 3 est le plus exigeant du dispositif et fondé sur des indicateurs de résultats relatifs à la biodiversité (insectes, arbres, fleurs….), à la stratégie phytosanitaire et à la gestion de la fertilisation et de l’irrigation. C’est une approche à la fois globale et précise des pratiques du système d’exploitation. »
« En 1900, Joseph Sabarot se lançait dans le triage de la lentille verte du Puy en étant persuadé que le succès de l’entreprise viendrait autant de l’implication de son personnel que des investissements engagés pour sa modernisation. En 2023, ces deux convictions restent d’actualité pour Sabarot Agriculture, » conclut en souriant Damien Anjarry.
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